Gastbijdrage: Sélectionner, une fausse bonne idée

En communauté française, le débat sur la liberté d’accès est au coeur de l’actualité. On parle d’abord de supprimer l’examen d’entrée en ingénieur civil. Il est question en outre d’instaurer un examen obligatoire mais non contraignant au début des études de médecine, de kinésithérapie et de vétérinaire. De plus, bien que la liberté d’accès soit la règle dans de nombreux cursus d’enseignement supérieur, il existe toujours un examen d’entrée dans les Ecoles supérieures des arts (ESA).

Pourquoi sélectionner?

La volonté d’instaurer une sélection à l’entrée des études vient d’un manque de financement. La Communauté française a trop peu de moyens pour faire face aux défis de l’enseignement supérieur et à l’afflux d’étudiants. Trois solutions s’offrent à elle. La première consiste à augmenter le financement public de l’enseignement, c’est-à-dire mettre davantage de moyens. La seconde consiste à augmenter la part du financement privé soit en augmentant le coût des études, donc faire participer plus les étudiants et leurs familles au « service enseignement », soit en demandant aux entreprises de participer au financement. La dernière solution consiste à diminuer le nombre d’étudiants pour garantir un enseignement de qualité à quelques privilégiés. Avec moins d’étudiants et un même budget, il y a plus d’argent disponible par étudiant.

Le débat sur la sélection ne peut donc pas être déconnecté du contexte dans lequel évolue l’enseignement supérieur.

La Fédération des Étudiants Francophones (FEF) est opposée à toute forme de sélection, peu importe les études entreprises ou la forme que celle-ci peut prendre (examen d’entrée, concours, numérus clausus, test d’orientation,…).

Sélectionner, une fausse bonne idée

La sélection (que ce soit un test d’orientation ou un examen) frappe les étudiants de manière totalement inégale! L’examen présenté aux aspirants étudiants en apparence objectif constitue un massacre social pour plusieurs raisons.

Un test d’orientation n’est qu’une première étape avant un examen d’entrée

On présente souvent un test d’orientation comme un test qui permettrait aux étudiants de se situer. D’une part, rien ne peut prédire qu’un étudiant qui réussit un certain test peut à coup sûr devenir un bon médecin ou un bon avocat mais un mauvais dentiste. D’autre part, comme le dit le programme du PS lui-même, un test d’orientation n’est qu’une première étape avant l’instauration d’un examen d’entrée contraignant.

La barrière symbolique

Il existe une barrière symbolique face à un tel examen. Ceci est confirmé par le ministre Marcourt. Au lieu d’inciter l’étudiant à mieux travailler, celui-ci peut se décourager, selon qu’il bénéficie ou non d’un soutien de son entourage. Instaurer un examen d’entrée, c’est avant tout décourager et discriminer les étudiants les plus faibles et moins sûrs d’eux.

Un enseignement obligatoire inégalitaire

Les études scientifiques le démontrent: l’enseignement obligatoire en Communauté française de Belgique est le plus inégalitaire des pays de l’OCDE. En clair, cela signifie que les jeunes issus de milieux défavorisés vont en général dans de mauvaises écoles et sont mal préparés aux études supérieures. Inversement, les jeunes issus de milieux favorisés vont dans de bonnes écoles et sont bien préparés à l’enseignement supérieur.

La sélection est une ségrégation sociale avant toute chose!

Instaurer une sélection à l’entrée revient au final à filtrer les jeunes sur des bases socio-économiques: les jeunes issus de milieux socio-économiquement défavorisés auront encore moins de chance d’accéder à l’enseignement supérieur. Mais cela ne veut en rien dire qu’ils ne possèdent pas les capacités requises pour entreprendre des études. Sélectionner dès l’entrée, c’est faire le choix délibéré de refuser l’accès aux études supérieures à tous les élèves du secondaire qui sortent d’écoles moins favorisées.

La sélection est une ségrégation sociale avant toute chose!

La FEF s’oppose à la volonté de certains d’instaurer un examen d’entrée. La réponse aux défis de l’enseignement (taux d’échec important, afflux d’étudiants) doit être un refinancement de l’enseignement. La FEF revendique plus de moyens publics pour l’enseignement supérieur afin d’offrir un enseignement de qualité pour tous.

Michael Verbauwhede,
président de la FEF

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